[MEMOIRE – TRAITE – 10 MAI] La Compagnie du Sénégal – Un acteur clé de la traite négrière française
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La Compagnie du Sénégal est un acteur majeur français de la traite négrière, ayant contribué à l’organisation logistique et commerciale de l’esclavage entre l’Afrique de l’Ouest et les colonies antillaises françaises. Elle incarne le lien entre les ambitions coloniales de la France et l’exploitation humaine à grande échelle, la violence économique et raciale du système esclavagiste mis en place par les puissances européennes, la manière dont l’esclavage a été institutionnalisé.
Créée en 1673 à la demande du roi de France Louis XIV « le Roi-Soleil », c’est l’une des nombreuses compagnies coloniales françaises et la 2e des compagnies européennes fondées au 17e siècle à viser directement la traite négrière, un an après la Royal African Company, fondée en 1672 par le duc d’York Jacques II qui devient roi d’Angleterre en 1685.
Elle remplace la Compagnie des Indes occidentales, jugée trop centrée sur le développement du tabac et perçue par les planteurs comme un frein à l’essor du sucre à la Guadeloupe et la Martinique, une culture basée sur la consommation rapide d’esclaves jeunes, forcés à travailler au fouet. Elle reçoit le monopole du commerce sur la côte sénégalaise, sur le fleuve Sénégal et les comptoirs de Saint-Louis et de Gorée.
L’arrivée massive de négriers français et anglais fait flamber le prix des esclaves sur les côtes d’Afrique. À sa création en 1674, les planteurs de canne à sucre de Martinique avaient 2 400 esclaves, contre 2 700 dix ans plus tôt en 1664 lors de la création de la Compagnie des Indes occidentales. Six ans seulement après la création de la Compagnie du Sénégal, le nombre d’esclaves en Martinique a doublé pour atteindre 4 900 en 1680. Leur nombre sera même multiplié par six en un quart de siècle, pour atteindre 15 000 en 1700.
Le même phénomène se produit en Guadeloupe, où la population d’esclaves avait reculé entre 1664 et 1671, passant de 6 323 à 4 627 en sept ans. La création de la nouvelle Compagnie du Sénégal ramène le nombre d’esclaves à 6 076 dès 1700. Cet essor de l’esclavage est moins rapide qu’à la Martinique, à qui on réserve les esclaves les plus jeunes et les plus résistants, et où Louis XIV a installé plusieurs planteurs anoblis
Aujourd’hui, la Compagnie du Sénégal reste un grand symbole de la participation de la France à la traite négrière.
[MEMORY – SLAVE TRADE – MAY 10] The Compagnie du Sénégal – A Key Player in the French Slave Trade
The Compagnie du Sénégal was a major French player in the transatlantic slave trade, contributing to the logistical and commercial organization of slavery between West Africa and the French Caribbean colonies. It embodied the link between France’s colonial ambitions and the large-scale exploitation of human beings, the economic and racial violence of the slave system established by European powers, and the institutionalization of slavery.
Founded in 1673 at the request of King Louis XIV of France, the « Sun King, » it was one of several French colonial companies, and the second European company in the 17th century to focus directly on the slave trade—one year after the Royal African Company, founded in 1672 by the Duke of York, James II, who later became King of England in 1685.
It replaced the Compagnie des Indes occidentales, seen as too focused on tobacco development and viewed by plantation owners as a hindrance to the expansion of sugar production in Guadeloupe and Martinique—a system based on the rapid consumption of young enslaved people forced to work under the whip. The Compagnie du Sénégal was granted a monopoly over trade along the Senegalese coast, the Senegal River, and the trading posts of Saint-Louis and Gorée.
The massive influx of French and British slave traders caused a surge in slave prices on Africa’s coasts. At its founding in 1674, sugar planters in Martinique owned 2,400 enslaved people, compared to 2,700 ten years earlier in 1664 when the Compagnie des Indes occidentales was created. Just six years after the creation of the Compagnie du Sénégal, the number of enslaved people in Martinique had doubled to 4,900 by 1680. That number would grow sixfold within a quarter century, reaching 15,000 by 1700.
The same trend occurred in Guadeloupe, where the enslaved population had decreased between 1664 and 1671, dropping from 6,323 to 4,627 in seven years. The creation of the new Compagnie du Sénégal brought the number back up to 6,076 by 1700. The rise in slavery was slower than in Martinique, which received the youngest and most resilient enslaved individuals, and where Louis XIV had settled several ennobled plantation owners.
Today, the Compagnie du Sénégal remains a powerful symbol of France’s involvement in the transatlantic slave trade.