[#65ansdesindependances] La conférence de Brazzaville 🇨🇬 – du 30 janvier au 8 février 1944
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Le 30 janvier 1944 pendant la seconde guerre mondiale, quelques mois avant le débarquement en Provence dans le sud de la France (15 août 1944), s’ouvre à Brazzaville (capitale de l’Afrique Équatoriale française), zone stratégique d’où sont parties les premières forces armées de la France Libre, la » Conférence africaine française » sous l’égide du général de Gaulle. Regroupant les gouverneurs coloniaux d’Afrique noire, de Madagascar, les représentants des intérêts économiques, et des membres de l’Assemblée consultative provisoire, la conférence de Brazzaville doit définir les orientations futures de l’Empire et les rapports qui unissent la France à ses possessions d’outre-mer.
Organisée et présidée par René Pleven, commissaire aux Colonies ; Félix Éboué (le gouverneur général de l’AEF qui a rallié le Tchad à la France Libre à l’été 1940) et Henri Laurentie (secrétaire général de l’Afrique combattante) sont également à l’origine de ce sommet.
La conférence réunit les représentants administratifs des territoires français d’Afrique. 21 gouverneurs, 9 membres de l’Assemblée consultative, 6 observateurs envoyés par le gouvernement général de l’Algérie, et les Résidences générales de Tunisie et du Maroc. Aucun indigène africain n’y prend part, six envoyant cependant des rapports qui sont lus au cours d’une séance consacrée au problème de la coutume familiale et sociale.
« Déjà, au moment où commençait la présente Guerre mondiale, apparaissait la nécessité de placer, sur des bases nouvelles, les conditions de la mise en valeur de nos territoires africains : celles du progrès des hommes qui vivent et celles aussi de l’exercice de la souveraineté française. Est-il besoin de dire que la guerre présente n’a fait que précipiter l’évolution ? D’abord parce qu’elle est, elle fut, jusqu’à ces derniers jours, en grande partie une guerre africaine. Ensuite, et surtout, parce que l’enjeu de cette guerre, c’est, en réalité, la condition de l’Homme. Et que sous l’action des puissances psychiques qu’elle a, partout, déclenché, il n’y a pas une population, il n’y a pas un homme, dans le monde, qui, aujourd’hui, ne lève la tête, ne regarde au-delà du jour et n’interroge son destin. Parmi les puissances impériales, aucune puissance impériale plus que la France ne peut sentir cet appel-là. Aucune ne sent la nécessité de s’inspirer plus profondément des leçons des événements pour engager, sur les chemins des temps nouveaux, les soixante millions d’hommes qui sont liés au sort de ces quarante-deux millions d’enfants. Aucune puissance, dis-je, plus que la France elle-même. En premier lieu et tout simplement parce qu’elle est la France, c’est-à-dire la nation dont le génie est comme destiné à élever, pas à pas, les hommes vers les sommets de la dignité et de la fraternité, où tous pourront s’unir un jour. Et aussi parce que dans l’extrémité où la France s’est trouvée refoulée par une défaite du moment dans la métropole, elle a trouvé, dans ses territoires d’outremer, le refuge, le recours. Et maintenant, la base de départ de sa libération est que cela a créé entre elle-même et son empire un lien définitif. » Charles De Gaulle lors de la conférence
« Déjà, au moment où commençait la présente guerre mondiale, apparaissait la nécessité de placer sur des bases nouvelles les conditions de la mise en valeur de nos territoires africains, celles du progrès des hommes qui y vivent, et celles aussi l’exercice de la souveraineté française. Est-il besoin de dire que la guerre présente n’a fait que précipiter l’évolution ? Mais nous sommes sûrs qu’aucun progrès, n’est ni ne sera un progrès, si ce développement ne devait pas les conduire à un niveau tel, qu’ils puissent un jour, être associés chez eux à la gestion de leurs propres affaires. Voilà ce qui est le devoir de la France, ici. » Charles De Gaulle lors de la conférence
À l’issue de cette conférence, l’abolition du code de l’indigénat est décidée. En revanche, la déclaration finale de la conférence rejette catégoriquement « toute possibilité d’évolution hors du bloc français et toute constitution, même lointaine, de self-government »
Les participants envisagent l’ouverture de plus en plus large des emplois aux indigènes, en réservant cependant pour l’instant les cadres de direction aux citoyens français ; une rémunération égale à compétence égale entre Européens et indigènes est proposée
Le développement de l’enseignement, la fin progressive du travail forcé dans un délai de 5 ans, et la création d’un système convenable d’assistance sociale figurent parmi les propositions.
Sur le plan économique, la nécessité d’encourager l’industrialisation des territoires coloniaux est soulignée.
Dans le domaine administratif, diverses mesures de réorganisation sont envisagées, mais il n’est pas question de limiter le pouvoir des chefs de colonie, dont l’extension est au contraire proposée.
Sur le plan politique, la conférence est nettement plus conservatrice. Le texte final, rédigé conformément aux souhaits du général de Gaulle, écarte cependant l’idée d’émancipation des colonies « toute idée d’autonomie, toute possibilité d’évolution hors du bloc français de l’Empire : la constitution éventuelle, même lointaine, de self-governments [auto-gestion] dans les colonies est à écarter ». Le texte impose que « les colonies jouissent d’une grande liberté administrative et économique. On veut également que les peuples coloniaux éprouvent par eux-mêmes cette liberté et que leur responsabilité soit peu à peu formée et élevée afin qu’ils se trouvent associés à la gestion de la chose publique de leur pays. » Est également préconisée la création d’un organisme nouveau, une assemblée fédérale qui devra, tout en respectant la liberté locale des territoires, « affirmer et garantir l’unité politique infrangible du monde français »
La conférence de Brazzaville est vue comme l’un des signes annonciateurs de la décolonisation. L’appel de Brazzaville recevra un large écho à travers tout le continent et ouvrira la voie aux indépendances.
Sources : Charles de gaulle – paroles publiques – Discours de Brazzaville
Charles de gaulle – paroles publiques – Discours de Brazzaville
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