[SANTE] Des associations antillaises de France Hexagonale indignées et en colère face au non-lieu dans l’affaire de l’empoisonnement au chlordécone
Lettre ouverte en réponse au non-lieu définitif annoncé le 05/01/2023 dans l’affaire de l’empoisonnement au chlordécone aux Antilles françaises.
INDIGNATION ET COLERE DE LA POPULATION ANTILLAISE VIVANT EN FRANCE HEXAGONALE
Après seize années de procédure la justice prononce un non-lieu définitif.
Face à cette injustice, nous disons NON A LA FATALITÉ, NON À LA RÉSILIENCE.
Nous exprimons notre indignation, nous hurlons notre colère !
Il est important de rappeler que durant quatre décennies, le chlordécone a été utilisé comme insecticide pour lutter contre le charançon dans les bananeraies.
En outre, l’Etat français avait été alerté dès 1969 de la dangerosité de ce produit, et contrairement aux États-Unis qui, en 1975 a décidé d’en arrêter l’usage après de nombreuses études et recherches internationales, l’Etat français a continué à en autoriser l’utilisation jusque dans les années 90.
Pourquoi ?
La vie de ces Antillais, de ces Français d’Outre-Mer a si peu d’importance pour l’Etat ?
Pire encore, il a fallu attendre 1991 suite à des directives européennes pour que l’homologation du produit soit retirée aux États membres.
Cependant, l’Etat français accordait des dérogations jusqu’en 1993 en connaissance des conséquences du chlordécone sur le corps humain. L’état français a donc facilité l’usage criminel de ce produit assassin.
De ce fait, l’empoisonnement au chlordécone est une catastrophe humanitaire et environnementale.
Quels sont les intérêts économiques d’une telle décision au mépris de la vie des Antillais ?
Pourquoi avoir accordé ces dérogations ?
Pourtant, dès 1973-1974, les ouvriers agricoles en lutte pour de meilleurs conditions de travail exigeaient l’interdiction des produits toxiques tels que : mokap, nécamure et képone (autre nom commercial du chlordécone).
Les conditions de vie et de travail féodales ont été dénoncées rappelant cruellement les conditions de vie de leurs ancêtres esclaves.
Aujourd’hui la dangerosité du chlordécone n’est plus à prouver, reconnu comme étant un perturbateur endocrinien, il favorise le développement des cancers hormonodépendants, des cancers de la prostate, il agit sur le développement des jeunes enfants, sur la fertilité des hommes et des femmes. Le chlordécone traverse la barrière placentaire et porte atteinte au développement pré et postnatal du fœtus : risque de
prématurité, nouveau-né(e)s avec des handicaps moteurs ou mentaux. Les Antillaises souffrent d’endométriose ce qui a des conséquences tragiques sur la démographie.
Les chiffres sont alarmants. Les Antilles détiennent le triste record du monde du taux d’incidence de cancer de la prostate reconnu comme maladie professionnelle !
On sait aussi que le chlordécone a des effets sur l’environnement, il est polluant très persistant et restera présent dans les sols et les eaux durant des siècles (700 ans). Il contamine les végétaux et les animaux puis les humains qui les consomment.
Il convient de souligner LA RESPONSABILITÉ DE L’ÉTAT DANS LA PRISE DE CONSCIENCE TARDIVE DE LA POLLUTION ET DE SES CONSÉQUENCES.
En dépit de toutes ces connaissances, la justice française décide de prononcer un non-lieu définitif.
Nous nous interrogeons sur ce déni de justice, ce mépris pour la vie des Antillais, combien de temps encore allons-nous subir cette humiliation ?
Soyons clairs et n’ayons pas peur des mots, il s’agit bien de racisme environnemental.
Des procès sur des délits environnementaux ou de santé publique ont eu lieu en France. Condamnations à l’encontre des responsables et indemnisations pour les victimes ont été prononcées dans l’affaire de l’amiante, du sang contaminé, et du médiator.
Les Afro-français que nous sommes n’ont toujours pas droit à une justice égalitaire malgré la libération des chaînes. Force est de constater que nous ne sommes pas traités de la même manière que nous soyons français de l’hexagone ou français d’Outre-Mer.
Sommes-nous dans un État de droit ?
La justice coloniale est toujours de rigueur quand il s’agit de traiter des affaires locales.
Qui protège t-on à travers ce non-lieu DÉFINITIF ?
De plus, depuis 2021, les Guadeloupéens et les Martiniquais peuvent se faire tester gratuitement afin de doser la chlodéconémie.
Enfin, nous souhaitons que l’ensemble des Antillais vivant en France hexagonale et ayant vécu aux Antilles ou toutes personnes ayant effectué un séjour aux Antilles soient testées.
C’est une question de vie ou de mort !
Nous refusons ce non-lieu et ce déni de justice.
Nous venons en soutien à notre peuple qui souffre et se meurt.
Nous réclamons JUSTICE ET RÉPARATIONS !
Synergie Outre-Mer
Convergences Outre-Mer AURA
Convergences Outre-Mer PACA
Si vous aussi vous êtes sensible à cette cause : rejoignez-nous !
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