[POINT DE VUE] « Signe des temps » par Abdoulaye Hassane Diallo
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AFRIQUE ET POUVOIR : UN DEBUT DE SAGESSE ?
La semaine passée encore, les évènements inédits, avaient bousculé l’actualité . ll s’agit , vous le devinez, d’une importante décision juridique , curieusement dictées d’Afrique, de ce continent qui a toujours été mauvais élève de la démocratie depuis l’occupation coloniale .Un continent d’où nous viennent des sirènes qui ne véhiculent pas toujours de bonnes nouvelles , dans tous les domaines , surtout politiques et sociaux . Un continent qui , pourtant possède tout pour réussir mais qui , malheureusement , reste à la traine, à la une de l’actualité qui nous apprend des choses tristes, mauvaises, ignominieuses , bouleversantes et incroyables sur nous .Et pourtant , il se passe parfois de bonnes choses .
L’AFRIQUE POUBELLE ET VICTIME DE TOUTES LES INJUSTICES
Des bateaux entiers ont eu à déverser des tonnes de déchets dans des pays où ceux qui gouvernent ferment les yeux, complices sans doute . De mèche et de connivence avec ces assassins, ces criminels qui viennent raccourcir notre existence, nous laissant avec nos malades et nos morts . En polluant ainsi nos villes également dont l’atmosphère irrespirable, contribue à effacer notre race noire , du moins à la réduire, de la terre sinon de la planète . De nos jours encore , ces populations vivant au bord de la lagune , continuent de réclamer justice aux pouvoirs et aux responsables de cette ignominie , qui restent motus et bouche cousue . Une pollution qui a fait des centaines et des centaines de handicapés . Déjà , depuis la nuit des temps , certains blancs avaient programmé notre mort lente soit en freinant la natalité ou en nous envoyant des produits et autres médicaments pharmaceutiques ou produits de consommation périmés. Après nous avoir dépouillés de toutes nos richesses naturelles brutes, qu’ils transforment chez eux , pour nous les revendre encore dix fois plus chers . Nous sommes ainsi perdants sur toute la ligne , pauvres de nous . En prenant l’exemple de l’arachide que l’on nous avait obligés durant ( l’administration coloniale ) de cultiver, une tonne achetée chez nous coûtera dix fois moins chère qu’un Bounty , espèce « d’amuse gueule » deux gousses d’arachides que l’on achète dans les stations de métros d’Europe . Inutile de calculer les centaines de millions de francs qui nous sont subtilisés, malicieusement. Et on continue de nous traiter de fainéants ou de « bons à rien » . En prenant l’exemple du Niger, notre pays, où nous produisons entre autres de l’uranium qui alimente les trois quarts des immeubles, des habitations, des places publiques, des entreprises, des hôpitaux , des gares , des autoroutes et mêmes les prisons , de France ou d’autres pays , alors que notre pays, y compris la capitale, manquent d’électricité et subissent des incessantes pénuries d’essence . C’est bien le cas du géant Nigéria , grand producteur de pétrole où les queues devant les stations d’essence ne se comptent plus . Ironie du sort ! Une honte pour le continent où d’ailleurs , les autres pays, ne font pas mieux dans ce domaine et dans bien d’autres également . Nous portons, collectivement la responsabilité
COMMENT EN SOMMES NOUS ARRIVES-LA ?
La réponse se trouve à côté puisque nous sommes en partie responsables de ces dérives . On ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs . C’est ainsi qu’il n’y a pas de corrompus sans corrupteurs . Nous avons laissé faire en croisant les bras et ceci ne date malheureusement pas d’aujourd’hui . On nous gifle et on nous dit de sourire ou de dire merci . A défaut, de tendre l’autre joue. En dépit de notre colonisation , transformée en souveraineté nationale , nous nous n’avons pas su ou voulu rompre avec ces aspects coloniaux qui entravaient nos aspirations . Et depuis, cela est devenu presqu’une religion puisque de pouvoir en pouvoir et de régime en régime , nous avons reconduit ces manières de faire , sans nous en inquiéter des conséquences . Nous payons le douloureux prix de ces comportements qui nous collent désormais à la peau , mettant en péril notre souveraineté . Et si seulement , nous avions écouté ou suivi les conseils ou les pas de nos devanciers , ceux qui s’étaient révoltés contre cette domination coloniale et qui ont pour noms, Kwamé N’Krumah, Gamal Abdel Nasser, Djibo Bakary, Jomo Kenyatta , Oum Nyobé, Awolowo, Alioune Diop Cheick Hamidou Kane Birago Diop ,Patrice Emery Lumumba, Evariste Kimba , Jérome Anany , Toussaint Louverture, , Léon M’BA, François Tombalbaye, Modibo Keita, Diallo Telli , Sékou Touré, Ousmane Dan Galadima Laurent Gbagbo ect … pour ne citer que ceux-ci et nos cadets Thomas Sankara, Marien N’gouabi , Ibrahim Baré MaÎnassara , tous trois lâchement exécutés Ceux dont l’histoire a retenu les noms. Nous sommes responsables de notre retard puisque nous sommes indépendants depuis plus de 6O ans pour la plupart de nos Etats et d’autres plus .Comment pouvons nous, comprendre que nos Etats ne puissent pas maitriser aujourd’hui nos richesses et notre destin ? L’ une des principales causes est notre manque de cohésion qui pourtant est l’un des articles premiers de la charte de notre Organisation Panafricaine , l’OUA d’abord ensuite l’UA censée légitimement créer ce cadre . Cette Organisation continentale devrait nous éviter ce braquage institutionnel en servant de garant et de caution , sinon d’avocate à nos Etats respectifs , pour parer à ces détournements qui n’ont de nom qu’un enlèvement des nos richesse et des nos biens . Nos Etats trop fragiles auraient gagné en se soutenant les uns les autres dans ce combat inégal qui oppose nos pays à ces monstres qui nous écrasent sans pitié. Et dire que nous sommes au moins 54 Etats et pays qui composent l’UA sur un continent face à 27 pays européens qui nous trainent et qui nous imposent leur dictat, au grand dame du plus grand nombre que nous sommes . Et pourtant, nous sommes la mère de l’humanité d’où tout est parti y compris l’homme de Cro-Magnon l’ancêtre de l’homme . Nous sommes aussi le continent de l’avenir , nous rabâche-t-on à longueur des journées tout au long des grandes rencontres panafricaines et internationales Oui, nous le savons et en sommes conscients, seulement que fait –on pour cela ? Oui, nous sommes le continent de l’avenir à entendre ou lire Anne Cécile Robert , journaliste, écrivain et éditorialiste du journal le Monde diplomatique et qui plaide notre cause dans son livre : « L’Afrique au secours de l’Occident. Editions 2OO4 et 2006 Atelier Paris » Et notre ainé le Pr Joseph Ki Zerbo dans son livre « A quand l’Afrique ? » Edition Aube pour nous interpeller sur notre inertie dans notre propre construction culturelle. Sinon comment comprendre que nous , les peuples d’Afrique auprès de qui les savants et philosophes, écrivains comme Platon , maître d’Aristote, Pythagore et tant d’autres qui avaient quitté leur France et leur Europe natales pour aller chercher le savoir la où il se trouvait que l’on nous ignore ? Plus précisément en Afrique du Sud pour apprendre l’anglais et les mathématiques africaines ainsi qu’au Congo. Depuis plusieurs siècles l’Afrique fut le berceau aussi des mathématiques africaines , et durant plusieurs années ces français savants ou savants français dont le père du Théorème Pythagore aient pu bénéficier des bourses d’études de leurs pays pour aller en Afrique compléter leurs connaissances . Alors que , ni les livres, ni les manuels d’histoire de France ou mondiale, n’en n’ont jamais fait cas ni la moindre allusion On nous parle pourtant des hommes qui ne méritent pas que leurs noms figurent dans des livres, et qui curieusement sont cités en référence à tel ou tel autre exploit . Pendant que les éminences grises noires et le continent africain sont ignorés et considérés comme des personnes et un lieu qui ont tout appris , ailleurs chez les autres. On atteste même que n’avons jamais rien appris aux autres Mais, la question que je pose ici et qui me taraude comme dit l’autre , est celle de savoir si les cerveaux de France ou d’Europe , ont comme référence entre autres Platon, Pythagore, Aristote , que dire de l’Afrique et de ses savants auprès de qui ils sont allés acquérir les mathématiques ? Parce que même si « l’élève a acquis des connaissances comme son maitre , il n’en demeure pas que ce dernier est la source de la réussite , en partie de celui qui est venu apprendre . .II est tout à fait logique, qu’en matière de savoir ou de connaissances, tout le monde peut aller les chercher là où il y en a Notre livre Saint le Coran précise « que l’on peut aller jusqu’en Chine pour chercher le savoir » Ce qui est une bonne chose, mais pourquoi ne fait on pas cas de l’Afrique en tant que détentrice de connaissances depuis la nuit des temps ? Et qui ont aussi servi à d’autres peuples. Cependant , si les Européens ont honte ou ont peur que l’humanité sache que leurs savants étaient allés en Afrique pour se ressourcer , alors qu’attendent les africains qui le savent pour en parler en dénonçant cette supercherie qui fait croire que nous avons toujours été à la remorque des connaissances des autres ? Nous devons en parler et même insister pour remettre l’histoire à l’endroit et que mêmes si nous sommes nègres , nous avons notre part dans l’éveil de la conscience universelle afin que l’on retienne le rôle que notre continent et sa civilisation ont joué depuis la nuit des temps . Nous sommes responsables de ces dérives qui nous mettent en porte à faux avec nos valeurs et la réalité des fais biaisés à notre détriment. A tort. II n’est nullement question d’un tiraillement ni d’un quelconque règlement de comptes mais, de mise à jour d’une vérité longtemps occultée, laissant dans l’ombre une grande partie de l’histoire de l’humanité . Nous ne sommes pas là pour refaire ni le monde ni l’humanité ni pervertir l’histoire. Mais , nous voulons que la vérité soit dite afin que le monde noir et les générations toutes confondues soient éclairés en réhabilitant des faits historiques . Nous avons toujours appris l’histoire des autres et ne l’avons jamais contestée . Alors c’est au nom de cette raison que nous voulons que la notre toujours , sinon parfois écrite et rapportée par d’autres, soit mise également à jour .Ceux qui avaient effacé notre histoire , ont pris une lourde responsabilité et doivent nous restituer le pan de celle qui est restée cachée . Ceux qui pouvaient nous la retrouver sont sous la terre et je ne citerai ici que quelques uns dont les Professeurs Cheick Anta Diop, Hampathé Bâh , Joseph KI Zerbo , Boubacar Bâ . Léopold Kaziendé . IIs sont nombreux hélas qui ne sont plus de ce monde .Et ceux qui sont encore là les Pr Wolé Soyanka, Alioun Nouhoun Diallo , Laurent Gbagbo sont âgés et ont durant toute leur existence été harcelés par le pouvoir colonial et sont hélas craints , dans leur propre pays . Alors , nous n’avons qu’une solution , c’est celle de prendre nos responsabilités en disant toute la vérité historique sur l’époque de nos ancêtres avec naturellement des historiens et scientifiques français . Pourquoi pas avec d’autres qui pourraient se joindre à nos grands chercheurs africains comme le Pr M’Bokolo, afin de creuser plus profondément notre histoire commune enfuie quelque part dans les profondeurs des entrailles de notre mère, cette terre d’Afrique . II est un devoir moral qui nous interpelle tous si nous voulons que nos consciences dorment en paix . Nous avons un porte voix en la personne de notre parent , Mr Alain FOCA, pour nous vulgariser notre histoire en en parlant longuement dans son émission : Archives d’Afrique qu’il a intelligemment créée et qu’il anime avec brio . Comme il le fait souvent et qui nous éclaire sur notre vécu. II est certain que demain ne sera pas la veille pour obtenir gain de cause ni atteindre notre objectif parce que nous rencontrerons les mêmes obstacles dressés par ceux qui n’en veulent pas de la réhabilitation de notre histoire Mais, comme on dit , vouloir c’est pouvoir et parce que l’Afrique dispose d’un nombre suffisant de chercheurs, d’historiens, d’intellectuels , des érudits , des savants et des sages .
LE REVEIL DE LA CONSCIENCE AFRICAINE
Je vais enfin aborder les raisons qui m’ont interpellé en écrivant cette longue plaidoirie, à la place des africains et de l’Afrique . C’est le lieu de justifier le titre de l’article « Afrique : un début sagesse ? » En effet , comme tout le monde, je suis soucieux des dérives et des situations difficiles que vivent les peuples africains . Vous avez compris que nous avons été agréablement surpris en apprenant que sur notre continent , une juridiction africaine a la Cour Suprême a rejeté totalement des résultats électoraux présidentiels Après d’ailleurs que tous les acteurs la CENI les Observateurs Internationaux, la Société Civile les aient avalisés . Dans un pays africain où le Président élu a même reçu des messages de félicitations y compris de Macron , le tout nouveau Président français . Nous sommes au Kenya . Une première à saluer , à encourager et à soutenir par tous les peuples d’Afrique et les politiciens de tous bords , surtout les juridictions et les oppositions et ces conrre- pouvoirs Une lueur d’espoir pour l’assise démocratique dans un continent où seuls les coups bas , les arrangements, les magouilles ont toujours eu raison de la vérité et du droit . Mais si nous jetons un coup un regard dans le rétroviseur, nous nous apercevrons que cette action avait commencé en Gambie avec les élections Présidentielles que curieusement Yaya Djamel avait organisées mais accepté le résultat dans un premier temps avant de les récuser Avant que la pression de la rue et des pays membres ne le fassent partir après plus de 22 de ans de règne sans partage .Laissant un pays qui aura tant à faire avant de se redresser , les habitudes ayant la vie très dure . Cela mettra le temps qu’il faudra, mais nous espérons que tout finira par rentrer dans l’ordre
LE KENYA : UNE EXCEPTION OU UN CAS D ECOLE ?
Quoi qu’il en soit ou qu’on dise, il s’est produit un phénomène nouveau , celui de voir une Cour Suprême dire le droit, tout le droit, les yeux dans les yeux , sans tergiverser ni avoir peur . C’est une première en Afrique également que de voit un président élu , désavoué après avoir été déclaré vainqueur face à son challenger . La CNI et les traditionnels Observateurs Internationaux, avaient clos le dossier en disant que tout s’était déroulé dans le meilleur du monde et qu’il fallait passer à la prochaine étape : l’investiture . Mais , c’est méconnaitre les capacités juridiques de la Cour Suprême qui avait mis fin à ce dilemme risquant de remettre en cause tout le fondement d’un Etat . Le Président élu avait accepté le verdict de la Cour qui avait décidé de la tenue des nouvelles élections, le 17 Octobre prochain , avant de condamner l’invalidation du scrutin qui lui donnait gagnant puis perdant ensuite. La campagne a déjà débuté et souhaitons tous que le meilleur gagne et qu’à l’issue de cet affrontement , que chaque partie accepte la place, disons le record que le peuple aura donné à chaque candidat .Le droit et le peuple auront gagné en donnant une véritable leçon de démocratie pour les consultations à venir sur l’ensemble du continent africain Mais, comme disait la mère de Napoléon Bonaparte 1er er lorsqu’on lui annonçait que son fils était devenu Empereur de France « Pourvu que çà doura ! » En effet , une sagesse dit qu’il ne s’agit pas d’obtenir ce qu’on cherche mais c’est de pouvoir le garder. Mais, est – ce pas un retour de l’Afrique aux sources de sa démocratie traditionnelle de la nuit des temps pour cette mère de l’humanité ? Attendons de voir .
Abdoulaye HASSANE DIALLO
Dr en Sciences Politiques , Journaliste , Ecrivain
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