[MEMOIRE – TRAITE – 10 MAI] Nantes, la traite atlantique et l’esclavage – L’apogée du commerce et l’essor de la ville

[MEMOIRE – TRAITE – 10 MAI] Nantes, la traite atlantique et l’esclavage – L’apogée du commerce et l’essor de la ville
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Avec 1 744 expéditions de commerce triangulaire, et plus de plus de 550 000 hommes, femmes et enfants déportés d’Afrique vers les colonies françaises du continent américain, le port de Nantes se place en première position des ports négriers français pour l’ensemble de la période du 17e siècle au début du 19e siècle.

Nantes ne doit pas sa primauté à la durée de sa participation, mais à la densité de son activité dans ce domaine, avec l’organisation de 43 % des expéditions négrières françaises (5 à 6 % de la traite atlantique européenne).

Le 18e siècle marquera incontestablement l’apogée du commerce nantais et l’essor de la ville qui verra doubler sa population, passant ainsi de 40 000 à 80 000 habitants durant ce siècle. Le « commerce triangulaire » stimulera l’essor du commerce « en droiture » entre Nantes et les îles, puisque les négriers ne ramenaient au terme de leur circuit, qu’une partie des denrées issues de la vente des esclaves dans les colonies de plantations, exigeant ainsi que d’autres navires viennent depuis Nantes pour en charger le surplus.

Les denrées ramenées depuis les colonies dans le port de Nantes sont variées : sucre, café, coton et indigo, sont revendus avec de substantiels bénéfices, soit pour alimenter le marché intérieur français, soit pour approvisionner l’industrie locale en plein essor. Toute cette activité commerciale issue du commerce triangulaire générera l’essor du commerce maritime à l’intérieur du royaume et avec le reste du continent européen. Le tonnage à destination des ports étrangers passe de 8 352 tx en 1702, à 30 428 tx en 1772 ; celui à destination des ports français passe de 32 276 tx à 61 686 tx.

La traite négrière a alimenté les capitaux des grandes familles de commerçants et d’armateurs, lesquels ont investi dans le foncier (terres agricoles), dans l’immobilier (hôtels particuliers ou folies), ainsi que dans l’industrie naissante.

Le commerce triangulaire favorisera également l’essor de la construction navale. Le 18e siècle est marqué par une augmentation notable de la superficie des chantiers nantais qui passe donc de 3 230 m2 au début de ce siècle, à 50 067 m2 en 1780), faisant d’eux les premiers constructeurs français de navires marchands

« Plus qu’ailleurs, Nantes fit sienne l’argumentation négrière majeure : les colonies sont indispensables à la richesse nationale, les Noirs sont indispensables à leur mise en valeur, la traite est indispensable à son renouvellement. » Eric Saugera, historien

Du milieu du 17e au milieu du 19e siècle, la France organise plus de 4220 expéditions négrières, dont plus de 43% sont armées par des armateurs Nantais.

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[REMEMBRANCE – SLAVE TRADE – MAY 10] Nantes, the Atlantic slave trade and slavery

With 1,744 triangular trade expeditions and more than 550,000 men, women, and children deported from Africa to the French colonies in the Americas, the port of Nantes ranked first among French slave ports from the 17th century to the early 19th century.
Nantes’ dominance did not stem from the length of its involvement, but from the intensity of its activity: the city organized 43% of all French slave voyages—representing 5 to 6% of the entire European Atlantic slave trade.

The 18th century marked the peak of Nantes’ commercial power and the city’s rapid expansion. Its population doubled—from 40,000 to 80,000—during this period. The “triangular trade” also boosted “direct trade” with the Caribbean islands, as slave ships only returned with part of the goods obtained from selling enslaved people in plantation colonies. Additional ships were needed from Nantes to retrieve the surplus.

The colonial goods arriving at Nantes included sugar, coffee, cotton, and indigo. These were sold at high profit margins—either to supply the French domestic market or to fuel the city’s growing industries. This commerce generated major growth in both domestic and European maritime trade. Tonnage to foreign ports rose from 8,352 tons in 1702 to 30,428 tons in 1772; traffic to French ports increased from 32,276 to 61,686 tons in the same period.

The slave trade generated enormous wealth for prominent merchant and ship-owning families, who invested in land, real estate (such as private mansions and country estates), and emerging industries.
Triangular trade also drove the development of shipbuilding. The surface area of Nantes’ shipyards increased dramatically—from 3,230 m² at the start of the 18th century to 50,067 m² by 1780—making Nantes the leading French builder of merchant ships.

“More than anywhere else, Nantes embraced the main justifications of the slave trade: colonies are essential to national wealth, Black people are essential to their development, and the trade is essential to replenishing them.” Eric Saugera, historian

From the mid-17th to the mid-19th century, France carried out over 4,220 slave trade expeditions—more than 43% of them launched by shipowners based in Nantes.

Fatoumata Bintou Sangaré

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