[MEMOIRE] Pétition pour débaptiser à Lyon 6e la rue Bugeaud coupable de crimes abominables lors de la conquête militaire de l’Algérie 🇩🇿 au 19ème siècle

A destination de Grégory Doucet

Monsieur le maire 

Cela fait maintenant plusieurs mois voire plusieurs années que les membres de la communauté algérienne ainsi que de nombreux députés et historiens français réclament la debaptisation de la rue Bugeaud dans le 6ème arrondissement lyonnais mais sans réponses de votre part.

Récemment une plainte a été déposé contre vous par l’association Union algérienne pour votre refus de débaptiser cette rue nommée en l’honneur d’un homme ayant participé à la conquête militaire de l’Algérie au 19ème siècle. Outre sa participation à cette campagne brutale, le maréchal Bugeaud s’est également rendu coupable de crimes abominables à l’égard des populations algériennes en pratiquant la politique de la terre brûlée et le massacre de combattants comme de non combattants. 

Le travail de mémoires et la reconnaissance des crimes commis en Algérie est fondamental car il constitue un des dossiers qui enveniment les relations franco algériennes depuis l’indépendance.

Comme l’a évoqué le président Macron à l’occasion de sa visite en Algérie en 2017, la colonisation constitue un crime contre l’humanité et rien ne saurait le justifier. Il ne s’agit pas d’autoflagellation comme on peut l’entendre de la part de certains hommes politiques classés à droite ou à l’extrême droite mais de reconnaitre ses erreurs du passé pour ne pas les reproduire.

Le Maréchal Bugeaud s’est rendu coupable d’ignominies lors de la conquête militaire française de l’Algérie notamment à travers les enfumades consistant à asphyxier dans les grottes les résistants algériens mais également femmes, enfants et vieillards qui s’y refugiaient. La conquête coloniale qui a par ailleurs été condamné par une campagne de presse européenne en 1845, a coûté la vie à environ 400 000 algériens incluant ceux qui sont morts à cause de la famine dans les années 1860. Les 132 ans de colonisation française en Algérie constitue une page de l’histoire particulièrement atypique et différente de celles des autres colonies. Elle s’est caractérisé par une politique brutale de conquête, d’expropriation et de massacres à très grande échelle contre des populations musulmanes.

Rendre hommage aujourd’hui à de telles personnalités revient à en faire l’apologie de leurs crimes ce qui constitue une profonde injure à l’égard des français d’origine algérienne. Il est intolérable qu’il y ait dans votre ville une rue portant le nom d’un criminel de guerre, responsable de la mort de civils algériens innocents, passe à proximité du consulat algérien. Que dirait la communauté arménienne si une rue Enver Pacha, architecte du génocide de 1915, passait à proximité d’un consulat arménien ? Que dirait la communauté argentine en voyant une rue portant le nom de Jorge Rafael Videla, coupable d’assassinats et d’enlèvement d’enfants pendant la dictature militaire des années 1970 ? 

C’est pour cela que nous vous invitons à entamer les démarches afin de renommer la rue Bugeaud en l’honneur de Camille Blanc (1911-1961) qui a été membre de la Résistance pendant la seconde guerre mondiale et maire d’Evian les Bains de 1945 à 1961. Pacifiste convaincu, il a accepté d’accueillir au sein de sa ville les négociations entre le gouvernement français et le GPRA gouvernement provisoire de la république algérienne, préludes des accords d’Evian qui sonneront la fin de la guerre et l’indépendance de l’Algérie. Cette engagement en faveur de la paix lui vaudra d’être sauvagement assassiné par l’organisation terroriste OAS le 31 mars 1961 à son domicile.

Renommer cette rue en l’honneur de Camille Blancne constituera pas seulement un geste fort et symbolique à l’égard de la communauté algérienne de France, mais constituera avant toute chose les valeurs républicaines à savoir l’humanisme, la liberté et la paix.

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