[MEMOIRE] 1er décembre 1944 – 1er décembre 2024 « 80 ans du massacre de Thiaroye » – Une répression sanglante face à une lutte pour l’Egalité de droit

[MEMOIRE] 1er décembre 1944 – 1er décembre 2024 « 80 ans du massacre de Thiaroye » – Une répression sanglante face à une lutte pour l’Egalité de droit

Le 1er décembre 1944, la tension atteint son paroxysme, les soldats refusèrent d’embarquer. Les militaires français tirèrent une première salve en l’air. Les tirailleurs se précipitèrent vers leurs casernes à la recherche de leurs armes. L’ordre est aussitôt donné aux militaires français de tirer et de tuer. Un char léger américain M3, deux automitrailleuses et un half-track, étaient mobilisés.

Le 2 décembre 1944, le convoi de 500 hommes fût mis en route pour Bamako. Quelques jours plus tard, un autre contingent important partit en bateau vers les pays du Sud sans incident. Ainsi furent dispersés les 1280 militaires avec des instructions précises aux autorités des colonies d’origine pour exercer sur eux une étroite surveillance. Ont-ils perçu leurs droits ?

Suite à une évolution psychologique et à la maturité politique des anciens prisonniers de guerre noirs pendant et après leur captivité, pour la première fois en Afrique noire, des militaires indigènes se révoltaient contre l’autorité coloniale. Ils revendiquaient des droits égaux à ceux de leurs camarades européens, l’égalité de traitement après avoir démontré sur les champs de bataille qu’ils ont contribué autant que les métropolitains à la défense des intérêts de la France. Ils refusaient le statut de sous-hommes, d’êtres inférieurs que le colonialisme impose aux peuples dominés. Implicitement, ils réfutaient l’indigénat, le régime colonial, voulaient être considérés comme des hommes à part entière nantis de tous les droits humains reconnus aux Européens.

Des revendications qui allaient bien au-delà de simples questions matérielles et touchaient à des problèmes de fond qui se heurtaient aux fondements mêmes de l’impérialisme

Pour de Gaulle et les gaullistes, l’assistance militaire africaine à la France fût plutôt un embarras après le débarquement. Les africains ont accouru au secours de la « Mère Patrie » en danger comme les autres enfants de la France. Ils ont pris une part si active dans la libération de la France humiliée par sa défaite militaire que c’était peut-être allé trop loin.

En décembre 2001, un monument « aux martyrs de Thiaroye » est inauguré à Bamako par le président du Mali Alpha Oumar Konaré.

En août 2004, la journée du 23 août est déclarée « Journée du tirailleur sénégalais » par le Sénégal, qui invite les autres États d’Afrique d’où étaient originaires les tirailleurs

En 2011, la commune de Trévé, dans les Côtes-d’Armor (France), honore la mémoire de quelque trois cents tirailleurs sénégalais qui, par leur refus d’embarquer, ont échappé au massacre du camp de Thiaroye ; une stèle est édifiée et un livre publié

Le dimanche 30 novembre 2014, les présidents français François Hollande et sénégalais Macky Sall inaugurent un mémorial au cimetière de Thiaroye

Le 18 juillet 2024, l’ONAC prend une décision collective « Considérant que les tirailleurs décédés à la suite de la répression survenue au camp de Thiaroye (Sénégal), le 1er décembre 1944, ont vocation à l’attribution de la mention « Mort pour la France ». Seulement six d’entre eux obtiennent cette distinction

« 35 tirailleurs trouvèrent la mort d’après les rapports officiels de l’époque. Si l’on ajoute les victimes décédées de leurs blessures immédiatement après les faits, ils furent sans doute plus de 70. » François Hollande, à ce moment Président de la République, en 2014

Source : Des tranchées de Verdun à l’église Saint-Bernard, Bakari Kamian, Editions Karthala

Fatoumata Bintou Sangaré

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