[MEMOIRE] 1er décembre 1944 – 1er décembre 2024 « 80 ans du massacre de Thiaroye » – « Les tirailleurs sont intransigeants et décidés à ne pas se laisser séparer, à rester unis »

[MEMOIRE] 1er décembre 1944 – 1er décembre 2024 « 80 ans du massacre de Thiaroye » – « Les tirailleurs sont intransigeants et décidés à ne pas se laisser séparer, à rester unis »

Le 27 novembre, ordre est donné à un groupe de 549 tirailleurs de prendre le train vers Bamako pour regagner leurs régions d’origine. Leurs revendications financières n’ayant toujours pas été satisfaites, ces soldats refusent de partir. Leur décision reste inflexible les jours suivants « Nous ne partirons pas ».

Les tirailleurs sont intransigeants et décidés à ne pas se laisser séparer, à rester unis, à ne pas laisser les soldats originaires des régions rurales repartir dans leurs villages avant que les réclamations aient été satisfaites.

Le 28 novembre, à la suite du refus de ces soldats de monter dans le train pour Bamako, le général Dagnan se rend au camp de Thiaroye. Sont présents à ses côtés deux officiers supérieurs : le lieutenant-colonel Siméoni, commandant du Dépôt des isolés coloniaux de Dakar, et le colonel Le Masle, chef d’état-major. Les tirailleurs présentent aux officiers supérieurs, et en premier lieu au général Dagnan, leurs réclamations financières.

Le général Dagnan rend compte par téléphone à son supérieur, le général de Boisboissel, qui est absent de Dakar. Dagnan est donc le plus haut responsable militaire français présent ce jour-là à Dakar. Il considère que les tirailleurs sont « en état de rébellion ». Il considère et affirme qu’il a été « pris en otage ». Il annonce au général de Boisboissel son intention de « faire par surprise une démonstration très importante de force militaire à Tiaroye afin d’impressionner les anciens prisonniers et de pouvoir, sous la protection de cette démonstration, remettre de l’ordre dans le détachement, le rassembler, et obtenir son obéissance ». De Boisboissel approuve la décision.

Le 30 novembre, un courrier du gouverneur général Cournarie est envoyé au ministère des Colonies à Paris. Le gouverneur général parle d’un détachement de tirailleurs sénégalais « récemment arrivé à Dakar (qui) est en état presque rébellion (…) Il n’est pas impossible que incidents graves se produisent malgré précautions prises en raison nécessité faire appel à la force. (…) J’insiste sur le fait qu’incidents causés par tirailleurs rapatriés auraient dans circonstances présentes graves répercussions sur situation politique fédération. » Il n’y a pas de trace de réponse de Paris dans les archives. Pas non plus de trace de réponse au télégramme envoyé le 30 novembre par le général de Boisboissel à l’état-major général de la guerre à Paris, télégramme qui dit que les tirailleurs, « dirigés par des meneurs ne paraissent plus connaître limites à leurs exigences. Je prends dispositions pour empêcher au besoin par la force aggravation du mouvement et rétablir autorité et prestige. »

Le 30 novembre, le général Dagnan reçoit dans son bureau plusieurs officiers pour préparer l’opération. Le lieutenant-colonel Le Berre, chef de détachement du 6° R.A.C, décide de mettre en place ses éléments au cours de la nuit et d’agir dès le 1er décembre au matin.

  • Les officiers supérieurs à Dakar :

– Le général de Boisboissel approuve l’opération militaire prévue. Après les faits, il la qualifie de « nécessaire et douloureux coup de bistouri dans un abcès dangereux. »

– le général Marcel Dagnan, général de division, commande l’état-major de la division Sénégal-Mauritanie depuis juillet 1943. C’est lui qui ordonne le 1er décembre 1944 l’opération armée contre le camp de Thiaroye, avec l’aval de son supérieur le général de Boisboissel.

– Le lieutenant-colonel Le Berre, commandant du 6e R.A.C (Régiment d’Artillerie Coloniale), dirige l’opération de « maintien de l’ordre » du 1er décembre (seul officier sanctionné pour ses agissements durant la répression)

 – Le colonel Carbillet, supérieur du lieutenant-colonel Le Berre, a suivi l’opération du 1er décembre à partir d’un poste opérationnel installé sur la route Dakar/Rufisque, près de l’entrée du camp. Il était informé par radio. Dans son rapport du 4 décembre 1944, il écrit : «j’ai la conscience tranquille. »

– Le lieutenant de vaisseau Salmon commandait les automitrailleuses lors des tirs à l’aube du 1er décembre

Source : Françoise Croset. Cahier pour une histoire du massacre de Thiaroye. 2017. hal-01598514v1

Fatoumata Bintou Sangaré

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