[CINEMA] Le film « Camp de Thiaroye » de retour sur les écrans français au festival de Cannes 2024 après avoir été censuré depuis 1988
CAMP DE THIAROYE, est un film réalisé en 1988 par Ousmane SEMBENE et Thierno FATY SOW.
Il sera diffusé cette année lors de la 77e édition du festival de Cannes, prévu du 14 au 25 mai 2024, dans la catégorie ‘’Cannes CLASSICS’’
« Le film, est un drame politique épique et puissant, basé sur des événements réels et sur leurs propres expériences. L’histoire traite de l’injustice, de l’hypocrisie, du colonialisme et du racisme, et culmine dans un massacre. CAMP DE THIAROYE montre la reprise de l’oppression blanche alors qu’un régiment de soldats des Forces armées ouest-africaines retourne à un poste militaire au Sénégal après avoir combattu sur le front européen où ils ont affronté la mort tous les jours, pour maintenant faire face aux indignités et au racisme de la part des Français qu’ils ont aidé à libérer du fascisme. »
Description reprise sur CAMP DE THIAROYE – Festival de Cannes (festival-cannes.com)
1er décembre 1944, dans le camp de transit de Thiaroye au Sénégal, des automitrailleuses tirent sur des tirailleurs africains, originaires des régions de l’Afrique occidentale française.
Ces hommes étaient des anciens prisonniers de la Seconde Guerre mondiale. Ce sinistre évènement qui sera appelé « le massacre de Thiaroye » arrivera à la suite de manifestations de ces tirailleurs réclamant le paiement de leurs indemnités qui leur était promis depuis des mois. Ces indemnités correspondaient aux années de captivité par les Allemands en France.
Bilan officiel 35 morts
Lors de l’inauguration du mémorial au cimetière de Thiaroye en 2014, François Hollande, à ce moment Président de la république, dira « 35 tirailleurs trouvèrent la mort d’après les rapports officiels de l’époque. Si l’on ajoute les victimes décédées de leurs blessures immédiatement après les faits, ils furent sans doute plus de 70. »
Les historiens parlent d’archives de l’autorité coloniale militaire, falsifiées. Des documents comprenant de nombreuses contradictions
Le film est produit par 2 maisons de production sénégalaises, une Tunisienne, une Algérienne.
Récompensé par le prix spécial du jury à la Mostra de Venise en 1988 et le prix UNICEF, il sera censuré pendant plusieurs années en France.
Cette censure était évidente et s’est manifestée de plusieurs manières
Pas de diffusion sur les chaînes de télévision française
Peu de diffusion dans les cinémas, les rares fois sont passés sous silence, dans une discrétion totale
Il est regrettable que ce passage à Cannes cette année soit encore une fois si discrète. Aucune reprise sur les médias en France, aucun relai sur les grandes antennes reconnues en Afrique.
Nul besoin de l’interdire, il suffit de ne pas en parler et d’attendre que ça passe aux oubliettes.
L’histoire est ce qu’elle est. Il s’agit d’évènements gravés dans la chair des hommes. Il y aura toujours quelqu’un pour soulever le tapis sous lequel on a voulu la dissimuler.
L’Afrique et l’Europe sont liées par des siècles d’histoires communes. Certaines heureuses beaucoup d’autres malheureuses pour les Africains ; humiliantes et meurtrières pour les Européens. Pour autant, il est important de parler, de raconter, d’enseigner toute l’histoire de la France aux Français ; même quand elle n’est pas glorieuse