[80 ANS DEBARQUEMENT DE PROVENCE] J-10 : « Tirailleurs Africains et Résistance » (4 sur 6)
« À l’heure où l’esprit de résistance se renforce en France, ces tirailleurs militairement instruits, aguerris et disciplinés constituent un important vivier de combattants pour les Forces Françaises de l’Intérieur qui se créent »
Maurice Rives – Les tirailleurs malgaches et sénégalais dans la résistance – Hommes et Migrations N°1276
Le 11 novembre 1942, la France entière est occupée. Un grand nombre de tirailleurs resteront bloqués en métropole. Les prisonniers de guerre seront transformés en « travailleurs libres ; ceux qui se trouvaient dans les camps du Sud-Est seront incorporés dans six groupements militaires d’indigènes coloniaux rapatriables (GMICR).
Beaucoup seront obligés de travailler pour l’ennemi dans l’organisation Todt (groupe de génie civil et militaire du Troisième Reich). Ils participeront aux travaux de fortifications le long de la Méditerranée.
Plus de 5 000 d’entre eux vont rejoindre les maquis à la demande des chefs FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) avant la Libération pour combattre dans 38 départements.
Soldats de métier, ils ne passeront pas inaperçu dans les maquis partout en France. De nombreux témoignages d’actes de résistance et de bravoure au compteur face aux Allemands.
« Le caporal soudanais – Malien – Idrissa Diana s’évade avec deux camarades du camp de prisonniers de Suippes. Avec l’aide de la population, les trois hommes parviennent rapidement au maquis de Lançon, dans les Ardennes.
Le 29 août 1944, à l’aube, Idrissa précède une colonne FFI qui escorte des armes parachutées dans la nuit. Apercevant un blindé ennemi qui s’apprête à prendre à partie le convoi, il s’élance tout seul sur le char, en tirant un chargeur de son pistolet mitrailleur. Ensuite, l’Africain s’écroule, mortellement touché par les Allemands qui ont riposté à la mitrailleuse puis, croyant avoir affaire à une contre-attaque, ces derniers rompent le combat. Par son sacrifice, Idrissa Diana a sauvé ses camarades et les armes larguées par l’aviation alliée. »
Maurice Rives – Les tirailleurs malgaches et sénégalais dans la résistance – Hommes et Migrations N°1276
A l’annonce des débarquements, un ordre général de mobilisation des maquis est lancé. Plusieurs milliers de résistants rejoignent le massif du Vercors.
Le Vercors est un massif montagneux Situé entre les départements de l’Isère et de la Drôme. Des réfugiés, résistants et réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) s’y retrouvent à partir de 1942. La « République libre du Vercors » sera décrétée le 3 juillet 1944. Ces hommes et femmes armés ont pour mission de perturber les troupes allemandes en vue du débarquement allié en Provence
Leur nombre passera de 400 à 4000 très rapidement mais, peu sont formés au combat.
Des responsables du maquis décideront d’aller chercher des tirailleurs pour les ramener dans le Vercors afin qu’ils participent en tant qu’unité constituée aux combats.
Ainsi, fin juin 1944, les 53 tirailleurs qui travaillaient au port Édouard Herriot de Lyon, encadrés par des soldats allemands s’évaderont de leur prison de la caserne de la Doua, à Villeurbanne, suite à l’intervention d’un groupe de résistants. Ils suivront ensuite ces résistants dans le Vercors.
Dispositif de la résistance aux ordres de Prévost (Goderville), installé à la ferme d’Herbouilly (au total, quatre cents hommes répartis sur 15 kilomètres) :
- Les tirailleurs « sénégalais » du lieutenant Moine sont sur les hauteurs entre Chabal et la 2e compagnie.
- La compagnie Brisac (Belmont) qui contrôle les hauteurs nord des gorges de la Bourne ;
- La compagnie Chabal du 6e BCA qui s’installe au Belvédère (effectif 60 à 80 combattants selon les historiens)
- La 4e compagnie de Prévost (Goderville), du 6e BCA
- Des éléments de la compagnie Ullmann (Philippe) (12e BCA) qui sont aux avant-postes, à la Glacière de Corrençon
Le 8 septembre 1944, ils défileront dans la ville de Romans-sur-Isère, après avoir participé aux combats qui ont libéré la ville quelques jours plus tôt
« Le plus souvent, les Africains sont en tête de la colonne, qui se déplace la nuit pour échapper aux recherches aériennes. A plusieurs reprises, ils éviteront ainsi à leurs camarades de venir se heurter à de petits postes allemands. En définitive, le 16 août, le groupe Jouneau arrive à tromper la vigilance de l’ennemi et gagne le Diois, où il retrouve le détachement Moine. Dès lors, les Africains constituent deux sections qui, le 22 août, vont participer efficacement à la prise de Romans-sur-Isère, défendue avec opiniâtreté par une forte garnison de la Wehrmacht. »
Maurice Rives – Hommes & Migrations