[PORTRAIT] Stéphanie Bénie « Créer une plateforme de partage et d’échange de conseils pour les peaux à tendances acnéiques en se focalisant principalement sur la communauté Afro » (Chronique Beauté Noire)

[PORTRAIT] Stéphanie Bénie « Créer une plateforme de partage et d’échange de conseils pour les peaux à tendances acnéiques  en se focalisant principalement sur la communauté Afro » (Chronique Beauté Noire)

Parcours de Stéphanie BENIE, cofondatrice de la plateforme beauté Chronique Beauté Noire.

D’origine ivoirienne et réunionnaise, Stéphanie BENIE fait partie de ces femmes Afro qui se battent au quotidien pour atteindre leurs objectifs et réaliser leurs rêves. Avec Sika KODO, elles ont décidé il y a quelques années de créer une plateforme de partage et d’échange de conseils pour les peaux à tendance acnéique, en se focalisant principalement sur la communauté Afro. Ce site deviendra par la suite une vraie plateforme beauté, Chronique Beauté Noire propose aujourd’hui un magasine et une boutique en ligne, ainsi que des conseils et des accompagnements personnalisés. Cette plateforme s’inscrit dans une logique de santé globale, car pour Stéphanie, la pratique cosmétique ne doit pas être séparée de l’aspect santé.
Stéphanie s’intéresse depuis très longtemps au monde de la cosmétique, ayant elle-même connu des problèmes de peau liés à l’acné, elle s’est réellement penchée sur le sujet afin de mieux comprendre ce que cela impliquait. En parallèle de ses études en langues, elle lisait de nombreux magazines et journaux de dermatologie car pendant longtemps elle ne comprenait pas pourquoi les produits qu’elle utilisait contre l’acné ne donnaient pas vraiment de résultats sur sa peau. Elle lisait notamment des ouvrages d’origine allemande, anglaise ou américaine qui lui ont permis de mieux comprendre le fonctionnement de la peau, mais également la biologie, la cosmétologie, ce qui lui a permis d’avoir plusieurs sources sur lesquelles s’appuyer.
Toutes les peaux sont différentes, à l’époque il était difficile pour elle de se faire conseiller et de trouver des solutions efficaces à son acné car en France les formations dans le domaine esthétique n’étaient pas vraiment axées sur les peaux noires. De plus, les produits parapharmaceutiques qu’elle a pu utiliser étaient souvent assez chargés en produits chimiques dont les effets étaient moyens voire néfastes.
A force de chercher et d’avoir connu tous ces échecs, elle s’est finalement orientée vers des produits naturels, qui d’après elle font « diminuer l’acné doucement mais surement ». Ayant enfin obtenu des résultats, avec son amie elles ont eu l’idée de partager leurs connaissances pour pouvoir aider à leur tour des jeunes femmes qui elles non plus n’arrivent pas à trouver de solutions à leurs problèmes de peau. Que ce soit au niveau psychologique ou sociétal, les femmes ayant des problèmes de peau sont souvent jugées que ce soit dans la famille, avec les amis, elles se voient parfois même refuser des emplois car dans certains business le face à face ne passerait pas pour elles, ce qui peut être très frustrant. C’est donc bien plus qu’un problème de peau.

Ensemble, avec Sika, elles ont donc choisi en 2011 de créer un site où elles pourraient partager leurs solutions et analyses au niveau de la santé, au niveau psychologique et au niveau sociétal. Au fur et à mesure, elles ont reçu de nombreuses questions sur les produits qu’elles utilisaient et parfois des questions qui soulevaient des problèmes plus profonds.
En 2014 elles ont commencé à démarcher des fournisseurs, c’est alors que Stéphanie lance son statut d’auto-entrepreneur. Dès lors, la plateforme beauté Chronique Beauté Noire
prend forme petit à petit, avec un première marque qu’elle commercialisait en Allemagne, pays où Stéphanie travaillait à l’époque. Elles commencent donc à vendre sélectionnant des
produits par leur qualité mais aussi par leurs résultats. Ayant toutes deux des peaux très réactives, elles testent tous les produits pendant un certain temps avant de les
proposer, car elles savent que leurs clients sont à la recherche de résultats et souhaitent résoudre un problème.
L’aventure n’a pas toujours été facile. Les deux jeunes femmes se sont lancées sans formation dans l’entreprenariat, il a donc fallu qu’elles se forment sur le tas. Le marché
cosmétique français étant très concurrentiel, il n’est pas évident de se faire une place. Elles ont dû financer leur projet avec leurs fond propres en étant à la fois entrepreneur et salarié. En
2016 Stéphanie a profité d’une période de chômage pour passer son diplôme d’esthéticienne en candidat libre grâce aux connaissances acquises pendant toutes ces
années. Cela a constitué un réel tournant pour Chronique beauté Noire en terme de professionnalisation. Elle a aussi cherché à faire des formations en entreprenariat et rencontrer
des conseillers pour mieux peaufiner son projet mais elle n’a pas toujours eu en face d’elle des personnes réellement en mesure de l’aider car son domaine était soit mal connu, soit
considéré comme communautariste. Elle a pu obtenir de l’aide pour développer son projet en se renseignant par réseautage. D’un autre côté, elle a dû prendre confiance en elle, car elle ne
pensait pas avoir la fibre entrepreneuriale et qu’il reste difficile aujourd’hui pour une jeune femme noire de s’affirmer dans la société. Elle a appris à ignorer ses propres aprioris, les avis
des autres et à acquérir cette confiance en soi pour aller de l’avant car elle sait ce qu’elle vaut, c’est pour elle « un travail quotidien ».
Par ailleurs, lorsqu’elle s’est lancée dans ce projet, elle occupait deux emplois en tant que salariée pour rembourser son crédit étudiant contracté plusieurs années plus tôt. Pour elle le
temps et la fatigue ont été plus problématiques que le financement du projet car elle avait beaucoup d’idées mais peu de temps pour s’y consacrer. Elle a donc dû apprendre à travailler
mieux pour optimiser son temps.
Toutefois Stéphanie retire de grandes satisfactions de ce chemin parcouru. En premier lieu, le fait de mettre son expérience à profit et d’être utile aux personnes qui ont les
mêmes problèmes qu’elle a connus, « vu qu’on les à vécus on les comprend mieux » ajouteelle.
Le fait de s’intéresser à la santé des femmes lui a valu le soutien d’associations comme Ewa Ethnik (qui lutte contre la dépigmentation) et Fibrome Info France (lutte
contre le fibrome utérin) qui les ont félicitées pour le travail de prévention et les soutiennent, ce qui est d’autant plus gratifiant car tout cela a une utilité publique. Le fait d’arriver à trouver des fournisseurs correspondants à leur vision est également une fierté, d’autant plus qu’elles
sont en contact avec des artisans de différents pays africains, dont elles revendent les produits afin de contribuer à leur échelle à l’essor de l’économie en Afrique.
Enfin, elles sont suivies par de nombreuses femmes dans le monde, principalement en Afrique de l’Ouest, au Canada, en Asie et en Malaisie, mais également par des hommes qui
s’intéressent et reconnaissent de plus en plus leur utilité et achètent ; ce qui les encourage à poursuivre dans cette lancée.
Chronique Beauté Noire regroupe déjà de nombreux aspects, mais à court terme Stéphanie et son entreprise ont pour objectif de devenir une référence pour les soins et
conseils pour la peau noire à Lyon et avoir une meilleure assise dans la région. Elle aimerait également augmenter la visibilité de l’entreprise notamment lors de salons ou par la
radio, afin de toucher un plus large panel de personnes notamment celles n’ayant pas accès à internet. Un objectif plus lointain serait de pouvoir agir sur la dépigmentation de la peau
car elles reçoivent de nombreuses questions sur les produits et estiment avoir un rôle à jouer, elles ont d’ailleurs créé un catalogue en
ligne des produits qui ont été identifiés comme étant dangereux par les autorités sanitaires. Ce serait pour elles un grand aboutissement.

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Aminata Samadoulougou

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