[PORTRAIT] Vérité Jo Vie « Etre force de propositions et non pas que de plaintes et de revendications » (fondatrice du réseau des femmes Afrodescendantes)

[PORTRAIT] Vérité Jo Vie « Etre force de propositions et non pas que de plaintes et de revendications » (fondatrice du réseau des femmes Afrodescendantes)

Parcours de Vérité Jo Vie, fondatrice du réseau des femmes Afrodescendantes

     Le réseau des Femmes Afro descendantes est un réseau qui agit dans le but de pallier le manque de visibilité de la femme noire afro descendante et donc de la valoriser, elle et ses enfants. Vérité Jo Vie est à l’origine de cette initiative, chroniqueuse pour maquis pluriel et professeure des écoles, elle a fondé ce réseau en octobre 2017. Le terme « afro descendant » renvoi selon elle toute à personne issue du continent africain mais n’y ayant pas forcément vécu, ce qui inclus donc les personnes qui sont issues de la déportation qu’elles soient africaines, antillaises ou brésiliennes. Selon Josée, il ne s’agit pas d’une affaire de couleur de peau, mais de se sentir comme étant afro descendant.

     Le réseau se compose de 4 organisatrices, qui ont pris le parti de parler de choses qui les concernent quotidiennement. Pour cela elles essaient d’être précises dans leur lutte et crédibles vis-à-vis de leur discours. Elles mènent des actions médiatiques, notamment en ce moment avec de courts reportages sur des femmes de valeur d’origine afro descendante principalement lyonnaises, mais également parisiennes. Elles proposent diverses activités notamment pour les étudiantes, mais ce ne sont pas des activités qui les placent dans une position de victime, au contraire il s’agit « d’être force de proposition et non pas que de plainte et de revendication » – ajoute Josée. Le réseau des Femmes Afrodescendantes propose également des activités pour les mères de familles et les enfants comme par exemple des ateliers de lecture permettant la découverte de la culture Afro, le but étant rehausser leur estime de soi.  Le réseau organise également d’autres évènements culturels pour mettre en valeur des artistes afro descendants, ainsi que des journées culturelles comme la journée internationale de la femme, tout en abordant des thématiques qui concernent la femme afro descendante vivant en France.  Il existe également un club de lecture qui se réuni tous les 2 mois dont les objectifs et les thèmes sont à définir avec les membres du groupe. Trois femmes interviennent au sein du réseau pour traiter différents sujets : Stéphanie BENIE pour le parcours médical, Paoline EKANBIE pour le sport et Zeba NOKTHUA pour l’épanouissement sexuel.

     De nombreux aspects motivent Josée dans cet engagement, venant d’un milieu afro féministe, elle a toujours été attirée par les mouvements féministes. Elle s’était d’ailleurs engagée dans l’un d’eux cependant elle a tout de même pu constater un manque de visibilité de la femme noire malgré les opportunités offertes par ces groupes. Dans aucun d’eux elle ne retrouvait les actions qu’elle souhaitait mener, cela manquait de concret et de réalité, elle ne retrouvait pas cette diversité de la femme noire que l’on peut croiser au quotidien. Elle trouvait qu’il y avait surtout une focalisation autour de la femme noire ayant suivi un cursus universitaire, qui avait étudié et donc traitait de choses qui n’étaient pas forcément accessibles « au peuple », au point de parler selon elle de « blackgeoisie ». Ayant grandi dans les cités, elle a vu ses parents sa battre pour avoir une situation, elle passe

facilement d’un milieu à l’autre mais elle ne retrouvait pas cette « violence » et cette « vérité de la rue » qu’elle a pu côtoyer. C’est pourquoi elle est en arrivée à vouloir créer son propre réseau plutôt que de se plaindre. De plus, elle a elle-même dû affronter le racisme, le sexisme et même le « colorisme », car foncée de peau, elle n’était pas considérée comme assez clair de peau dans la communauté. Elle souhaite donc à travers ce réseau des femmes Afrodescendantes valoriser ces personnes qui même dans la communauté noire ne sont ni vues, ni mises en valeur. Pour elle c’est quelque chose qui vient de très loin, qui remonterait à la colonisation et qui reste présent dans nos sociétés actuelles : dès que l’on se rapproche physiquement des personnes de couleur de peau blanche, automatiquement les privilèges qui y sont attachés suivent. Grande lectrice de Rashida Strober, elle a constaté que cela se retrouvait beaucoup dans le monde du travail. Selon Josée, c’est une réalité face à laquelle il faut proposer des choses, se créer son espace et sortir de ces stéréotypes ne mettant qu’en valeur les femmes claires et minces aux cheveux lisses, même s’il est difficile d’aller à contre-courant. Il est particulièrement plus difficile d’aller au sein de sa communauté et de dire à des personnes déjà victimes de racisme qui souffrent, qu’elles sont déjà un peu privilégiées, il n’est pas facile d’apporter une telle idée car elle peut diviser, ce discours n’est pas facile à tenir.

     Quant aux difficultés qu’elle aurait pu rencontrer, Josée est catégorique à ce sujet, pour elle « il n’y a pas de difficultés mais des challenges », tout ce que l’on peut vivre renvoi d’après elle à une situation d’apprentissage.  Selon elle, lorsque l’on trouve la solution à un problème, cela permet de régler les obstacles suivants plus facilement, ce qui lui permet de rire et d’être heureuse dans des situations ou certains diraient que c’est la catastrophe. Elle a fait beaucoup de développement personnel et pour elle les problèmes n’arrivent pas par hasard, derrière chacun d’eux se cache un cadeau, et « lorsque l’on veut grandir ce que l’on voit comme problème, n’est rien par rapport à ce qui va arriver », ajoute-t-elle. Pour bâtir quelque chose, selon elle ce qui compte c’est l’état d’esprit, il faut gagner dans la tête pour gagner dans la vie car si on s’arrête à ce qu’il y a sous nos yeux on ne va pas très loin, il faut également s’inspirer de personnes qui sont passées par des états d’échecs pour en tirer des leçons. Pour Josée, réussir c’est prendre les bonnes décisions au bon moment et aller vers des gens qui ont de l’énergie, qui sont travailleurs.

Josée retire de nombreuses satisfactions de ses activités, elle est tout d’abord heureuse de pouvoir mettre en lumière des femmes afro descendantes et leurs actions, d’apporter sa pierre à l’édifice pour valoriser la communauté afro descendante. Elle est épanouie dans ce qu’elle fait, c’est important car pour elle il s’agit d’un besoin au quotidien qui lui procure un bien personnel. Elle a un conseil pour ses lecteurs : faire les choses avec la « force du pourquoi » car elle donne détermination et motivation. Il faut selon elle partir de son vécu, savoir pourquoi on fait telle ou telle action car « c’est avec cette force que l’on peut construire des actions pérennes et solides dans le temps. Par ailleurs, étant professeure des écoles, elle est très attachée aux valeurs de la république et considère que chaque afro descendant a sa place dans la république et que celle-ci est capable d’avoir en son sein des citoyens d’origines diverses. Cela prend du temps mais elle se bat pour que les femmes afro descendantes aient leur place dans la république car pour elle, elles sont largement capables de penser ce qui leur est proposé malgré le fait qu’elles fassent partie de la population la plus mise à l’écart. Josée est persuadée que si la femme afro descendante se fait une place dans la société, alors les hommes aussi, ainsi que tous les racisés car selon elle, la femme est « la face cachée de la face cachée », si on la met en avant, cela propulsera tout le monde en avant.

Pour l’avenir, Josée et son réseau espèrent pouvoir mener des actions de plus grande ampleur pour avoir un écho dans la France entière afin de changer le regard porté sur la femme afro descendante. De plus, le réseau étant en collaboration avec le collectif Africa 50 qui se bat également pour la jeunesse afro descendante, cela leur permet de mener des actions et évènements plus importants, ce qui en fait un partenariat inestimable. En tous cas, Josée vous encourage à croire en vos rêves !

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Aminata Samadoulougou

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