[POINT DE VUE] « En Côte d’Ivoire, la Réconciliation ne se fera pas si … » par Marcel Aka

[POINT DE VUE] « En Côte d’Ivoire, la Réconciliation ne se fera pas si … » par Marcel Aka

Dans le cadre de mes vacances annuelles, j’étais parmi les miens resté  là-bas, en Côte d’Ivoire pour être concis, du 16 Juin au 9 juillet puis à nouveau du 3 au 20 novembre 2018 pour des obligations familiales.

Durant mon premier séjour, j’ai eu à constater et à admirer à Abidjan, les grands travaux entrepris par les gouvernants, grands travaux routiers à Abidjan, susceptibles de faciliter le déplacement des abidjanais une fois ces travaux achevés.

Quant à l’intérieur du pays, il n’existe pas d’infrastructure qui soit bien construite, leur durée n’excédant pas 3 ans comme celle qui relie Toumodi à Oumé faisant 46km et pour laquelle il faudra rouler 3h pour relier ces deux villes, l’une étant chef-lieu de département.

La Côte d’Ivoire ne se limite pas à Abidjan bien qu’elle en soit la capitale économique !

Ainsi, des efforts sont faits pour le bien être des abidjanais dans leur quotidien en matière de déplacements urbains mais avec le nombre très élevé de véhicules roulant cela ne permet pas de panser pour longtemps la plaie qui ronge ces infrastructures routiers qui n’existent que par leur dénomination.

Ces efforts doivent aussi être les mêmes pour nos villes de l’intérieur, la régionalisation devant avoir une  gestion contrôlée et saine pour mieux jouer son rôle de prospections, de débats, d’exécutions des délibérés pour le bien-être des citoyens.

Sur l’autoroute qui mène à Yamoussoukro, capitale administrative où le Senat tarde à s’installer pour des raisons qui sont propres au pouvoir, j’ai également admiré la construction des usines tout le long de cette autoroute, implantions venant ainsi désengorger le quartier pétrolier de la capitale où l’extension des usines devenait problématique ; les quartiers de Koumassi et de Yopougon devenant de plus en plus, des quartiers dortoirs.

J’ai  également eu le privilège d’aller jusqu’à Bouaké, puis à Daloa et Man, villes où j’ai vécu, fait mes études et travaillé.

J’ai eu les larmes aux yeux lorsqu’il m’est arrivé de ne plus reconnaitre les bâtisses qui faisaient la fierté de ces villes où les fêtes de l’indépendance avaient été organisées, la guerre ayant eu raison de nos égos.

La réconciliation souhaitée par une fine majorité des ivoiriens semble être difficile à mettre en place et à se faire.

Elle mettra le temps qu’il faut car pour beaucoup trop d’ivoiriens parce que pour eux, ceux qui sont actuellement au pouvoir ne le sont que grâce à l’exigence de l’extérieur.

Ils considèrent que ce pouvoir est illégal, illégal depuis 2010.

Certains lecteurs de ce point de vue jugeront ce rhétorique dépassé et d’autres iront jusqu’à se demander si je suis sur la même planète qu’eux.

Ce texte revêtant le caractère qui lui sied, je me suis réservé le droit de restituer ici, ce que certains des nôtres disent.

Beaucoup d’entre eux ont exigé la diffusion par tout moyen de leur assentiments, ce auquelje me livre volontiers si vous l’acceptez, vous qui en êtes les destinataires.

Rien, rien de tout ce qui est entrepris par le pouvoir successif de l’actuel Président ne vient  rassurer  nos compatriotes qui demeurent dans leur légitime logique.

Pour eux, ceux qui ont mis en place l’actuel tenant du pouvoir doivent le démettre de cette suprême responsabilité pour permettre à la Côte d’Ivoire de reprendre son envol.

Comme le dirait le petit de Treichville, un quartier d’Abidjan : « ils n’ont qu’à venir chercher leur chose où ils l’ont mis pour que nous, on soit tranquille, on mange et surtout on soit comme avant ».

Difficile est le quotidien de ceux-là !

Douloureux est le constat qu’ils font depuis l’avènement de cette crise politique

Amères sont-ils, quand ils se rendent compte que ceux qui occupent les  postes de responsabilité dans l’administration ivoirienne sont ceux qui ont pris des armes, aidés par des gens venus d’ailleurs pour  imposer leur dicta au vaillant peuple de Côte d’Ivoire.

Quand on parcourt les villages, les villages et hameaux, loin de la réalité des villes cosmopolites, les parents ne souhaitent que le départ de la scène politique de ceux qui ont été les déclencheurs de ce que notre pays a connu ; à commencer par l’actuel Président, de HKB et de LG, dernier cité qu’ils jugent de généreux, de compréhensif, de Leader charismatique, de celui qui est resté plus proche d’eux durant sa mandature, de celui qui leur a permis de comprendre et de se faire une idée de la domination extérieure sur les pays africains, de l’Homme qui est avec le peuple et dans le peuple.

Certains vont jusqu’à demander que LG revienne au pouvoir pour terminer sa mission, celle de faire de la Côte d’Ivoire la vitrine de l’Afrique Occidentale, position que le pays aurait perdue depuis l’accession d’ADO au pouvoir.

Ces parents réclament la mise à la retraite d’office de tous les chefs de Guerre et  la saisie de tous leurs biens obtenus quand ils exerçaient cette fonction en temps de guerre.

Beaucoup d’entre eux ne croient plus à cette réconciliation car pour eux, quelque chose a manqué au puzzle à l’entame de cette réconciliation, à commencer par la déportation de deux des leurs, de la chasse de certains qui  sont toujours en exil malgré l’appel à leur retour, de l’occupation frauduleuse des terres et des maisons, de l’expropriation et de l’attribution aux tenants du nouveau pouvoir des terrains urbains malgré l’injonction du pouvoir qui reste sans effet  pour être « dedans et dehors ».

Pour le commun des mortels, rien n’empêche aux agents de la force de l’ordre censés protéger la population de la rançonner  tant sur certains corridors à l’intérieur du pays qu’à Abidjan.

A ce mal gangreneux, une solution dissuasive et efficace doit être apportée car cela va de la tranquillité des honnêtes citoyens qui ne cherchent qu’à se déplacer pour vaquer à ses obligations.

Des véhicules sans contrôle technique continuent de rouler, parfois, la nuit tombée et sans lumière.

J’ai été témoin de cet état de fait au cours de mon premier voyage.

Ce fait a été rapporté aux premiers agents de force l’ordre rencontrés ; j’ai appris le lendemain que ce véhicule qui est encore en circulation appartiendrait à l’un d’entre eux.

A l’échec de la mise en place des dispositions  envisagées par les travaux conduits par l’ex- premier Ministre Banny, des résolutions sorties de plusieurs travaux sont restées au fond des placards jusqu’aujourd’hui, les raisons demeurant  sans fondements.

Que dire de l’actuel paysage politique après le divorce entre les tenants du pouvoir d’alors ?

Tout reste à reconstruire dans nos villes, celles que j’ai vues car  la réconciliation souhaitée ne se fera qu’au prix de ce renouveau auquel tout le monde aspire.

L’horizon s’assombrit à nouveau pour notre beau pays car je continue d’avoir peur pour nos peuples.Ceux-là même qui vivaient en parfaite harmonie avec leurs frères qu’ils ont trouvés sur place !

Ceux-là même qui ont participé à la construction de cette nation comme on le voit partout dans le monde !

Ceux-là même qui n’ont pas dérogé à leur spécificité d’appartenance à leurs nations d’origine malgré les pressions de l’intérieur comme celles de l’intérieur avec comme dessein l’extermination des ivoiriens !

Ceux-là dont certains ont pris faits et causes pour dire non à l’imposture !

Oui, ils ont été instrumentalisés !

Oui, il leur a été enseigné que prendre les armes pour devenir ivoirien résolvait leur lutte !

Oui, il leur a été dit dans les mosquées et ailleurs que la vie ici-bas était sans sens si on ne se nourrissait pas du sang humain !

J’ai peur, j’ai peur pour toi mon frère !

J’ai peur, j’ai peur pour toi ma sœur !

J’ai peur, j’ai peur pour toi mon fils, pour toi ma fille !

J’ai peur, j’ai peur pour vous, parents restés là-bas, parents qui demeurent sans ombrage pour demain !

Est-ce une fatalité d’être né dans un pays riche de matières premières pour l’industrie dans toute sa composante !

On naît bien quelque part dans le monde et sur une planète !

Laissez notre pays en paix et ne lui imposez pas ce qu’il ne veut pas !

Pauvres gouvernants, nos pays ne sont pas vos biens personnels !

Si vous ne les aimez pas, allez ailleurs car vous n’êtes pas les seuls à vouloir y imposer votre vision de progrès.

Nous parviendrons à mettre un terme à nos palabres sans votre soutien et sous nos fromagers, nos arbres à palabres, nos cabanes et nos cases comme nous l’ont enseigné nos devanciers.

Ensemble  et unis pour un même objectif, tout peut encore être sauvé.

Allons-y

Marcel Aka

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La Rédaction

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