[1 JOUR 1 PORTRAIT] Suzanne ROUSSI CESAIRE, une des figures des combats contre l’esclavage et pour l’égalité, exposée à la gare de Lyon Part-Dieu RESISTANT.ES. CONTRE L’ESCLAVAGE (FME) jusqu’au 31 octobre 2024
Née le 11 août 1915 aux Trois-Îlets en Martinique, elle est l’auteure d’une œuvre brève mais fulgurante, dans laquelle elle développe une réflexion anticolonialiste invitant les Antillais à renouveler leur mode d’existence politique et poétique. Sa pensée, longtemps occultée, attire aujourd’hui de nombreux chercheurs.
Suzanne Roussi est la fille d’un pharmacien et d’une institutrice. Elle étudie d’abord à Toulouse, puis intègre l’École Normale Supérieure à Paris, en 1936. Elle y fréquente le poète guyanais Léon-Gontran Damas, la future avocate et députée Gerty Archimède et le poète sénégalais Léopold Sédar Senghor. Ils lui présentent le poète martiniquais Aimé Césaire, qu’elle épouse l’année suivante.
En pleine effervescence du mouvement politique et culturel de la Négritude, elle participe à la rédaction de la revue L’Étudiant noir, créée par Aimé Césaire en 1935. En 1941, ils fondent avec René Ménil et d’autres intellectuels antillais la revue Tropiques, qui sera plus tard soutenue par les surréalistes André Breton et Wilfredo Lam. Suzanne Roussi Césaire y publie sept articles rassemblés en 2009 par l’écrivain guadeloupéen Daniel Maximin dans le recueil Le Grand Camouflage. Écrits de dissidence (1941-1945).
Ainsi, dans son article “Misère d’une poésie”, elle invite à décoloniser la nature et le corps caribéen, à politiser le corps féminin, en particulier. Cet appel à une émancipation esthétique est aussi un appel à un nouveau mode d’existence politique. Plus largement, Suzanne Roussi Césaire y réclame une “lucidité totale” des Antillais face à l’assimilation coloniale.
Le 16 mai 1966, disparaissait Suzanne Roussi-Césaire. En 2021, l’universitaire martiniquaise Anny-Dominique Curtius, en poste à l’université de l’Iowa, consacre une étude monumentale à ses écrits.
En 2015, pour le centenaire de sa naissance, Daniel Maximin lui rend hommage avec la création théâtrale “Suzanne Césaire, fontaine solaire”, mise en scène par l’homme de théâtre burkinabé Hassane Kassi Kouyaté. Une rencontre Antilles-Afrique que Suzanne Roussi Césaire appelait de ses vœux.