[LITTÉRATURE] « Enrichissons-nous de nos différences ! » Amin Maalouf (Écrivain)

[LITTÉRATURE] « Enrichissons-nous de nos différences ! » Amin Maalouf (Écrivain)

Le Festival des écrivains du monde 2013 proposé par l’Université Columbia et la Bibliothèque nationale de France en partenariat avec la Villa Gillet avait pour invité entre autres Amin Maalouf le 24 septembre 2013, c’est le Théâtre de la Croix Rousse qui a accueilli cette événement. La classe de Terminale Secrétariat du Lycée Professionnel Fernand Forest de St Priest et leurs enseignants : Mr Christophe Amany, Mr Abdessamad Ladhili et Mme Leila Zerari ont rencontré Amin Maalouf à son hôtel pour échanger sur une thématique propre : l’identité.

L’échange a été convivial et Amin Maalouf était à l’écoute et a fait part de ses expériences avec toute sincérité.

Quelle a été votre motivation pour écrire ce livre ?
Le Liban réunit des communautés diverses et souvent la coexistence n’est pas simple car les populations n’ont pas le choix. L’objet de mon livre est de montrer que l’identité reste une composante importante dans ce pays et ailleurs puisqu’elle peut parfois causer des massacres.

Pourquoi le thème de l’identité revient –il souvent dans vos écrits ? Arrivez-vous à conjuguer vos différentes appartenances ?
Dans le monde actuel le thème de l’identité reste central. Je suis né au Liban, ma langue maternelle est l’arabe, je vis en France depuis plus de vingt ans et j’écris en français. Pour moi j’assume mes différentes appartenances qui sont des atouts et non un handicap. Aujourd’hui il est plus facile d’assumer ses appartenances et de les dire.

L’éducation peut elle permettre aux générations futures d’assurer les diverses identités ?
L’éducation est propice dans un sens mais elle ne suffit pas, il faut apprendre aux gens à mieux vivre ensemble. Il faut interroger les personnes sur les avantages à vivre ensemble. Assurer les diverses identités doit être un savoir vivre.

A propos d’Amin Maalouf : Né à Beyrouth, Amin Maalouf passe les premières années de son enfance en Égypte, patrie d’adoption de son grand-père maternel. De retour au Liban, sa famille s’installe dans un quartier cosmopolite de Beyrouth en 1935, où elle vit la majeure partie de l’année, mais passe l’été à Machrah, village du Mont-Liban dont les Maalouf sont originaires. Son père, journaliste très connu au Liban, également poète et peintre, est issu d’une famille d’enseignants et de directeurs d’école. Sa mère est issue d’une famille francophone et maronite, dont une branche vient d’Istanbul, ville hautement symbolique dans l’imaginaire d’Amin Maalouf, la seule qui soit mentionnée dans chacune de ses œuvres. La culture du nomadisme et du « minoritaire » qui habite son œuvre s’explique sans doute en partie par cette multiplicité des patries d’origine de l’écrivain, et par cette impression d’être toujours étranger : chrétien dans le monde arabe, ou arabe en Occident. Les romans de Amin Maalouf sont marqués par ses expériences de la guerre civile et de l’immigration. Ils sont caractérisés par des voyageurs ambulants entre les terres, les langues et les religions. Dans son livre « Les Identités meurtrières », il s’indigne des comportements humains lorsque l’affirmation de soi va si souvent de pair avec la négation de l’autre. Humaniste, Amin Maalouf est convaincu que l’on peut rester fidèle aux valeurs dont on est l’héritier, sans pour autant se croire menacé par les valeurs dont d’autres sont porteurs.
Quel est le principal problème au Liban ? Est-il identitaire ? Quelle solution pour vivre en harmonie ?
Il y a beaucoup de problèmes de corruption dans le pays et une absence de civisme de la part de certains qui ne permettent pas au Liban d’avancer. Il y a peu de temps encore les gens refusaient de se soumettre à l’Etat, ce problème s’est aggravé avec l’Etat communautaire qui pousse les gens à appartenir à leurs propres communautés religieuses.

Le rôle des médias n’est –il pas de créer des tensions entre les identités ? Leur message n’est -il pas parfois réducteur ?
Les médias sont le reflet d’une société, si les médias ne vont pas dans le sens du public, le public ne suit pas. Les journalistes répètent les choses, n’approfondissent pas leurs recherches et nous font percevoir l’image qu’ils veulent nous faire voir. La capacité du journaliste d’aller au-delà pose problème c’est pourquoi il est vrai que les médias n’aident pas à la coexistence

Pensez-vous que les conflits qui touchent le monde actuel sont liés aux identités de chacun ?
Il y a très peu de conflits aujourd’hui dans le monde qui ne sont pas liés aux questions identitaires. Bien sûr il y a des luttes économiques et sociales mais qui n’ont pas autant d’importance. Nous sommes dans un monde où il y a des centaines voire des milliers de peuples et de communautés qui vivent dans des pays ensemble mais qui se replie sur leurs appartenances. Prenons le cas de la Syrie : au début du conflit l’aspect communautaire était moins apparent car il y avait une volonté de liberté et de démocratie lors des premières manifestations avec des gens de toutes les communautés réunies. Puis peu à peu par la volonté délibéré du pouvoir puis l’incompétence évidente de l opposition : les communautés se sont formés. Il y a une communauté : celle du président qui dit que si le pouvoir tombe ils sont finis ; il y a aussi des communautés qui ne sont pas directement au pouvoir et sont minoritaire c’est le cas des chrétiens ou des druzes et qui se posent beaucoup de questions ; soit ils sont favorable au pouvoir car c’est un moindre mal soit ils ont peur du lendemain. Finalement on s’aperçoit que l’aspect communautaire est devenu évident mais il empêche une solution collective .Le communautarisme crée des situations où tout le monde est perdant et où l’essentiel s’oublie.

identies_meurtrieresA propos d’Amin Maalouf : Né à Beyrouth, Amin Maalouf passe les premières années de son enfance en Égypte, patrie d’adoption de son grand-père maternel. De retour au Liban, sa famille s’installe dans un quartier cosmopolite de Beyrouth en 1935, où elle vit la majeure partie de l’année, mais passe l’été à Machrah, village du Mont-Liban dont les Maalouf sont originaires. Son père, journaliste très connu au Liban, également poète et peintre, est issu d’une famille d’enseignants et de directeurs d’école. Sa mère est issue d’une famille francophone et maronite, dont une branche vient d’Istanbul, ville hautement symbolique dans l’imaginaire d’Amin Maalouf, la seule qui soit mentionnée dans chacune de ses œuvres. La culture du nomadisme et du « minoritaire » qui habite son œuvre s’explique sans doute en partie par cette multiplicité des patries d’origine de l’écrivain, et par cette impression d’être toujours étranger : chrétien dans le monde arabe, ou arabe en Occident. Les romans de Amin Maalouf sont marqués par ses expériences de la guerre civile et de l’immigration. Ils sont caractérisés par des voyageurs ambulants entre les terres, les langues et les religions. Dans son livre « Les Identités meurtrières », il s’indigne des comportements humains lorsque l’affirmation de soi va si souvent de pair avec la négation de l’autre. Humaniste, Amin Maalouf est convaincu que l’on peut rester fidèle aux valeurs dont on est l’héritier, sans pour autant se croire menacé par les valeurs dont d’autres sont porteurs.

La Rédaction

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