[LITTERATURE] Avec « Le Kankurang d’Allah » le Lyonnais Bacary Goudiaby signe son premier roman

[LITTERATURE] Avec « Le Kankurang d’Allah » le Lyonnais Bacary Goudiaby signe son premier roman

LE KANKURANG EN QUELQUES MOTS -Le Kankurang est un personnage mythique et masqué, à qui la tradition confère la fonction de veille sur les valeurs en pays mandingue, espace culturel sous régional couvrant les territoires de la Guinée-Bissau, la Gambie et de la Casamance au sud du Sénégal. Ainsi, le Masque est classé par l’Unesco, depuis 2004, Patrimoine culturel mondial. Le Kankourang joue un rôle de protecteur des jeunes circoncis, durant toute la durée de l’initiation, contre toute forme d’intrusion mystique, dont l’anthropophagie, la sorcellerie et autres pratiques néfastes dirigées contre le groupe.

Ce personnage mythique drapé dans habit de feuilles et autres éléments hétéroclites dont la composition est tenue secrète, joue aussi un rôle de garant de la stabilité sociale. En cas de conflits majeur entre membres de la communauté c’est le «Kankurang» qui doit s’interposer entre les belligérants pour éviter que la situation dégénère. Le Masque joue aussi, dans certains cas, le rôle de protecteur de l’environnement, en veillant notamment au strict respect, par tous, du repos biologique afin de permettre le renouvellement des espèces florales et fauniques, menacées de disparition. Ainsi il fait
appliquer la «norme sociale» de non cueillette des fruits non arrivés à maturation, ou la pêche de poissons non adultes.
Le Kankurang est toutefois en train de perdre ce rôle de gardien des valeurs culturelles du fait notamment de la banalisation et de la déviation de sa mission initiale. Actuellement, le Kankourang apparaît surtout pendant les vacances scolaires qui s’étalent pendant les trois mois d’hivernage au Sénégal (de juillet à septembre), période généralement choisie pour l’organisation des cérémonies d’initiation en pays Manding.

Extrait : « Bigadjio vivait encore sous le choc de son chômage récent. Il traine tout naturellement, les difficultés auxquelles il avait à faire face en cherchant à se remettre dans le circuit du monde du travail.
Il débarqua en France comme travailleur immigré du temps où la fracture ne frappait pas encore les chaînes de construction automobiles dans les usines. Il ne jugea jamais opportun de changer de nationalité. Il savait, de fait, qu’il serait toujours faciès garanti contrôlable avec la farouche détermination d’une police peu accorte et capable de tomber dans l’extase de la jubilation de le surprendre en flagrant délit d’étranger. Une carte tricolore, fût-elle plastifiée n’y changerait pas. A présent que les choses avaient pris une toute autre tournure, cela ne lui servirait pas à grand-chose que de changer de statut juste pour répondre aux besoins d’une formalité qui ne le sortirait pas de l’ostracisme et de l’exclusion dont il était victime. Il avait acquis des droits en travaillant au «pays des droits de l’homme». Ses droits, il pensait les conserver en tant que travailleur, justement immigré. Il vivait dans son pays d’accueil en en respectant les lois, les lois de la «république des droits de l’homme».
Bigadjio n’avait pas le droit de vote, de toute façon. Cependant, il ne s’en plaignait pas. Aussi, il ne savait vraiment plus à quoi s’en tenir face à cette histoire de Tours, d’islamistes, d’axe du bien contre celui du mal, de restitution de la liberté au peuple opprimé, d’éradication de la dictature sanguinaire et tout le toutim.
 »

A propos de l’auteur
Arrivé en France pour des études universitaires qui lui permirent d’obtenir un Dut en Administration et Gestion des Entreprises Culturelles, une Licence d’Info-Com et une Master en Développement Local, Bacary travailla prés de dix ans auprès de collectivités territoriales en qualité d’Agent de Développement Local. Il créa ainsi le premier magazine municipal destiné aux personnes âgées à Lyon.
Après les aînés, il se tourne vers les structures d’éducation populaire pour se consacrer aux jeunes des banlieues difficiles de l’agglomération lyonnaise avec lesquels il développe et accompagne des actions de solidarité internationale.
Bacary anime et produit une émission hebdomadaire depuis plus de quinze ans sur les ondes lyonnaises. Elu meilleur animateur d’émission en 2004, il fut nominé en 2008 pour le Prix Lorenzo Natali. Une distinction de la Commission européenne décernée aux journalistes engagés pour les droits de l’homme, la démocratie et le développement.

La Rédaction

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