[LITTÉRATURE] 10 questions à David Mala Kini, auteur du roman « Noirs Migrants », à paraître le 9 Janvier 2017

[LITTÉRATURE] 10 questions à David Mala Kini, auteur du roman « Noirs Migrants », à paraître le 9 Janvier 2017

Pourquoi écrire ?

J’ai écrit pour tous mes compagnons d’infortune qui n’auront plus jamais la chance de vous raconter le pourquoi et le comment de leur voyage. J’ai écrit pour le silence de l’histoire sur ces quatre millions de Congolais morts pour nos selfies. J’ai écrit pour faire mes deuils et avancer. J’écris parce que j’aime jouer avec les mots et les images et dans ce livre je me suis fait plaisir avec les subtilités de langue française.

Fiction ou réalité ?

Il y a de mon histoire, car j’ ai vécu chaque station de cette route et de ce livre, mais j’ai beaucoup navigué du je au nous. J’ ai promis à un ami de raconter son histoire d’amour si je survivais à la traversée, c’est chose faite. Le décor, les destins et les faits sont tous réels. Mais de là, n’ allez pas vous imaginer que j’ai été un seigneur de guerre et que j’ ai tout quitté pour retrouver une humanitaire en Europe…

Sur la page facebook de « Noirs Migrants », vous osez vous afficher avec BHL…

C’est un compagnon de route, je connais l’homme et non ses controverses. Sa visite incognito dans la forêt de Belyounech (ndlr au Maroc) après le meurtre à Ceuta de15 migrants noirs par la Guardia Civil espagnole ; Cette marque d’amitié et de respect pour les vies en route vers l’Europe m’a marqué à jamais.

Et la vie d’auteur en France ?

Le circuit de l’édition traditionnelle avec ses cénacles, ses médias et ses prix est assez hermétique pour un premier roman. La production romanesque africaine est un jalon de l’avenir de la langue française, elle doit être moins traitée comme une quantité négligeable. Reste que le numérique et les ventes en ligne qui créent une certaine « uberisation » de l’édition permettent aujourd’hui de mettre les lecteurs en face d’un beau texte.

Vous avez écrit un livre pour ou contre l’immigration ?

Ceux qui veulent partir, mon livre ne les arrêtera jamais. L’humanité a l’aventure dans les gènes. Aucun mur ne sera jamais assez haut pour empêcher les gens d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Quant au parcours pour arriver en Europe, en vieux de la vielle, je ne pouvais pas me taire sur ses amères péripéties.

Vous parlez d’un génocide au Congo

Je crois que dans une génération, c’est le terme qui figurera dans les livres d’histoire pour qualifier l’actuelle entreprise de déstabilisation du Congo. Ceux qui ne savent rien, ou ne veulent rien savoir au moment des exactions deviennent les négationnistes de demain. Mais depuis Nuremberg, « je ne savais rien » n’est plus une excuse valable. Je militerai toute ma vie pour que justice soit faite à mon pays.

Vous n’avez pas été tendre avec les musulmans du Maghreb…

Tout le long de cette route, moi le chrétien, j’ai vécu avec les musulmans, chez les musulmans. J’ai pu ainsi découvrir de l’intérieur, une religion qui est assez résiduelle dans mon pays d’origine. Il serait tout faux de dire que la cohabitation a toujours été horrible. Toutefois, Il n’y a aucune malice ni islamophobie à dénoncer l’hypocrisie sociale, les dérives xénophobes, le martyr de Tombouctou, les déceptions du Printemps arabe, une Ouma a deux vitesses pour les musulmans noirs, et j’en passe.

On vous dit inquiet sur la montée de l’antisémitisme noir

Ne nous voilons pas la face, les thèses antisémites d’un Louis Farrakhan ont pignon sur rue dans le courant panafricaniste d’obédience musulmane. Certains esprits, complotistes ou ignorants, pour accabler les juifs, vont jusqu’à dire que la traite négrière arabe a été moins longue et moins meurtrières que l’Atlantique. Le problème de l’Afrique, ce ne sont pas les juifs, mais nos dirigeants. S’ils volaient un peu moins, les choses iraient mieux. Le noir est et reste le prédateur le plus dangereux pour le noir.

Quel est public visé par votre roman 

Je commence mon roman avec une citation tirée de la lettre d’adieu du Che : « Soyez surtout capables de ressentir, au plus profond de vous-mêmes, toute injustice commise contre quiconque en quelque partie du monde. », c’est à ce public que je destine mon roman. Ceux pour qui une vie noire, que ce soit au fonds Kivu ou de la Méditerranée, reste une vie qui vaut autant que celle des hommes ayant une autre pigmentation de la peau

Résumez votre roman en 5 mots

Amour, Aventures, Déchirures, Libertés, Avenir

 

Contact auteur : page facebook : Noirs Migrants

La Rédaction

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